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LIVRES OUVERTS
8 mai 2010

ÉTRANGER À BERLIN - PAUL DOWSWELL

_TRANGER___BERLINC'est dans le cadre d'un partenariat jeunesse avec BOB et les Éditions NAÏVE que j'ai eu le plaisir de découvrir ce roman, destiné aux adolescents. MERCI !

J'avais "mon" ado sous la main, pour envisager une co-lecture : Siegfried, passionné par la deuxième guerre mondiale, qui a d'ailleurs rédigé, il y a peu, un dossier sur le thème des Droits de l'Homme bafoués par le nazisme.

Aujourd'hui, c'est le 8 mai... quelle meilleure date pour chroniquer ce roman ?


Quand ses parents meurent, en 1941, Piotr, jeune garçon polonais, est placé dans un orphelinat à Varsovie. Il est rapidement repéré : sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus font de lui un modèle accompli du type aryen prôné par Hitler... Un haut dignitaire nazi souhaite l'adopter : Piotr, rebaptisé Peter, est accueilli dans sa nouvelle famille à Berlin. Mais Peter sent bien que pour les autres, il reste un étranger. Tous ses efforts tendent à convaincre son entourage du contraire, quitte à faire parfois quelques compromis ... C'est alors qu'il rencontre Lena... et qu'il découvre grâce à elle le vrai visage du nazisme. Il est temps pour lui de choisir son camp. Et de prendre des risques ... Un roman d'aventures qui pose la délicate question de l'engagement.


Siegfried : Je n'aurais pas aimé qu'on change mon prénom ! C'est comme si je n'existais plus !

Moi : En rebaptisant Piotr en Peter, c'était un moyen de nier son origine polonaise.

S : Il était polonais, pas juif ! Et puis, c'est pas en changeant de prénom qu'on change sa personnalité !

M : As-tu compris que les allemands voulaient devenir les maîtres du monde et qu'ils souhaitaient rayer de la carte tous les autres pays ? Obliger Piotr à renier son origine, c'était un début, selon eux, pour supprimer l'idée que la Pologne existait.

S : Mais, dans mon dossier, je ne parle que des juifs que les allemands voulaient supprimer ! Et Piotr n'est pas juif ! D'ailleurs, ils l'accueillent chez eux, parce qu'il ressemble aux allemands ; grand, blond et yeux bleus.

M : Je pense que tu abordes là le problème de l'identité. Qu'est-ce que c'est, pour toi, l'identité ?

S : C'est être reconnu pour ce que l'on est ! Piotr, c'est un jeune polonais, Peter ce n'est pas un jeune allemand !

M : Tu as raison, et c'est bien pour cela que Piotr/Peter ne se reconnaîtra jamais complètement comme un allemand.

S : Sa famille d'accueil, elle le sent, qu'il n'est pas un vrai allemand ! Tu as vu comme ils sont toujours en train de l'observer et de lui trouver des défauts ?

M : Être un "vrai" allemand, dis-tu  ? Dans ce livre, tu as découvert d'autres jeunes allemands : Segur, Elsbeth, Lena... À ton avis, sont-ils de "vrais" allemands ? Qui, dans ce pays, à cette époque, décide des critères qui justifient l'appartenance à l'Allemagne ?

S : Les nazis.

M : Les nazis sont-ils alors de "vrais" allemands ? Est-ce que tous les allemands sont nazis ?

S : Non ! On voit bien qu'il y a des allemands qui ne sont pas d'accord avec ce que disent les nazis : la famille Reiter, par exemple.

M : As-tu compris combien, pendant cette guerre, il a été difficile pour certains allemands de faire des choix ? Revenons à Piotr/Peter. Au début du livre, nous sommes à Varsovie, en 1941. Piotr perd ses parents. Et lorsqu'il est envoyé en Allemagne pour faire partie du peuple allemand, il est heureux. À ce moment, il y croit ! Il est accueilli par la famille Kaltenbach, dont on pourrait dire que ce sont de "vrais" allemands.

S : En fait, ce sont de "vrais" nazis ! Ce n'est pas pareil "être allemand" et "être nazi" ; ils ont tout confondu ! Heureusement que Piotr rencontre Lena ! Quand le garçon est dans sa famille d'accueil, c'est Peter ; quand il est avec Lena et ses parents, c'est Piotr.

M : Et quand, alors, est-il le "vrai" ?

S : Le vrai allemand ? Il n'est jamais un vrai allemand, il reste polonais ! Mais il aurait pu devenir allemand sans devenir nazi !

M : Dans les conditions que décrit le roman, tu crois que c'était possible ?

S : Non, parce que si on n'était pas nazi, on devait mourir. Regarde ce qui est arrivé au père de Lena.

M : Une dernière question : que penses-tu d'Elsbeth ?

S : Elle a accepté de faire des trucs horribles ! Mais après elle a arrêté. C'est pour ça qu'elle n'est pas claire avec Piotr. Des fois elle le regarde comme un ennemi, des fois elle l'aide. Elle ne sait pas trop ce qu'il faut faire ! Mais c'est parce qu'elle obéit à ses parents.

M : Seulement à ses parents ?

S : Non, à ce que disent les nazis. Elle y a cru ! Mais quand elle a compris que c'était dégueulasse, elle a arrêté.

M : Oui ! Mais s'est-elle engagée, comme Lena, dans le refus de l'idéologie nazie ?

S : Non. Elle a fait l'autruche. Elle savait ce qui se passait, mais elle ne faisait rien pour le dénoncer. Elle a juste aidé Piotr à s'enfuir ! C'est quand même ça !


Voici un roman captivant que les adultes peuvent apprécier aussi. Les questions fondamentales de l'identité, du choix, de la responsabilité, de l'enrôlement, de la reconnaissance, de la participation, de la généralisation y sont posées en mots simples et évocateurs. C'est un texte qui amène obligatoirement à une réflexion sur ce que l'on appelle, à ce jour, l'identité nationale. Les époques ne sont pas les mêmes, les questions demeurent cependant. Il a évoqué aussi en moi le problème des intégrismes de toutes sortes qui malmènent nos vies.



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Commentaires
A
j'ai lu un très beau livre des éditions naive également !
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